« Pelagos plastic free » : Microplastiques CÉTACÉS

Dans le sanctuaire des cétacés,  «les yeux vont se concentrer sur la « plastisphère », ce véhicule de produits chimiques toxiques et de bactéries potentiellement invasives et nocives pour les espèces marines»

 

La nouvelle campagne de recherche scientifique  d’expédition MED en Méditerranée va larguer les amarres ce samedi 30 juin du port de Fiumicino, au nord de Rome pour six semaines de prélèvements  dans le cadre du programme  « Pelagos Plastic Free ».

 

 

 

 

 

 

Le programme « Pelagos Plastic Free » mené par Expédition MED en partenariat avec l’association italienne Legambiente, vise à prévenir et à réduire les déchets plastiques dans le Sanctuaire Pelagos, par des actions de plaidoyer, le suivi scientifique et la sensibilisation des acteurs.

L’objectif de cette campagne est la réduction de la pollution en mer par les déchets plastiques afin de protéger les différentes espèces de cétacés qui vivent dans le Sanctuaire Pelagos.

 

Chaque année entre 8 et 20 millions de tonnes de plastiques sont déversées dans les océans.

Dans la Mer Méditerranée on estime que 250 milliards de fragments plastique qui flottent à la surface, avec des pics de concentration de 10 kg/km2, une des valeurs la plus haute au monde, et notamment dans les eaux de l’Archipel Toscan. La campagne scientifique de«Pelagos plastic free» permettra d’évaluer les risques d’exposition des baleines du sanctuaire Pelagos à la Plastisphere. Les grandes espèces qui s’alimentent par filtrage du plancton telles que la baleine commune (Balenopteraphysalus) ingèrent par la même occasion, des microplastiques.

La première escale aura lieu les 6 et 7 juillet au port de Bonifacio 
avec une conférence débat le vendredi 6/07 à 17h30 à la maison des pêcheurs.

Les plastiques représentent entre 80 et 90% des déchets dispersés dans l’environnement marin et côtier. Ce que nous voyons flotter à la surface de la mer et s’échouer sur les plages, cependant, n’est que la pointe de l’iceberg d’un problème beaucoup plus complexe. Plus de 100 millions de tonnes de déchets se trouvent sur le fond de l’océan. Les déchets, apportés par les courants, atteignent même les zones les plus reculées.Neuf ans après la mise en oeuvre de la directive européenne sur la stratégie marine, l’objectif d’atteindre un « bon état écologique » d’ici 2020 est encore très loin. Pendant ce temps, les études sur le sujet ont montré, sans aucun doute, que les déchets en plastique continuent d’envahir de manière intensive les plages et la mer Méditerranée sans épargner des zones précieuses comme le Sanctuaire international pour les mammifères marins.

Les impacts sur la faune marine des déchets plastiques sont nombreux en raison des différentes formes et tailles de rejet. Si la principale préoccupation est l’enchevêtrement et le piégeage des spécimens, l’ingestion des déchets est une autre préoccupation car elle peut conduire à la malnutrition, la mort par suffocation, une obstruction du tractus intestinal, la faim et, de plus, des problèmes pour le système endocrinien dus à l’exposition à des substances toxiques contenues ou adsorbés par la matière plastique (phtalates, les PCB et autres substances).

Les déchets plastiques fournissent également un substrat pour les organismes ou les oeufs, qui peuvent être transportés dans de nouveaux environnements en dehors de leurs frontières naturelles, favorisant ainsi la propagation des espèces exotiques. Un phénomène qui représente la deuxième menace pour la biodiversité et l’intégrité de l’écosystème. Des études récentes, menées en plein sanctuaire Pelagos, ont montré que l’accumulation de microplastiques coïncide avec les zones où se concentre le plancton que mangent les rorquals. Le microplastique (petits fragments de 5 mm) peut entrer dans la chaîne alimentaire de ces grands filtreurs alors exposés à des micro-organismes (bactéries, les algues, les virus, les invertébrés microscopiques) qui colonisent les déchets plastiques en mer. C’est ce qu’on appelle la « Plastisphère»,  un nouvel écosystème marin des espèces potentiellement pathogènes qui menacent la santé des dauphins, des baleines et autres cétacés dans les eaux du sanctuaire et de la biodiversité de la planète.

Pour Bruno Dumontet, fondateur d’Expédition MED , «Cette pollution invisible et silencieuse est une tragédie, un écocide planétaire dont on s’accommode tous les jours ! Ce n’est pas une fatalité et cette responsabilité c’est nous et chacun peut agir au quotidien».
Après la première campagne réalisée en 2017 sur la plastisphère en Méditerranée, la campagne 2018 d’Expédition MED poursuit cette étude des communautés microbiennes colonisant ces déchets plastiques et les potentiels pathogènes pouvant provoquer des dommages biologiques aux cétacés.
«Toutes les études confirment que la mauvaise gestion en amont est la principale cause de la dispersion des déchets dans la mer » a déclaré le chef de Legambiente Sea Sebastiano Venneriet qu’il est urgent d’agir en synergie avec les administrations locales, les opérateurs maritimes et les citoyens, en sensibilisant et en diffusant des pratiques vertueuses pour freiner la production de déchets plastiques et améliorer les processus de réutilisation, de recyclage et d’élimination »  Le programme, financé par le Secrétariat Pelagos, avec la participation du Parc national de l’archipel toscan, le Parc National des Cinque Terre, Mareblu, Novamont et Unicoop Florence, travaillera avec les autorités côtières, les zones protégées, les associations de pêcheurs, des universités et des instituts de recherche, écoles, touristes, plongeurs et bénévoles.

Plus précisément, le programme Pelagos Plastic Free agira sur trois fronts : le plaidoyer, le suivi scientifique et la sensibilisation des acteurs. La première étape portera sur le thème des déchets: de la collecte séparée des déchets à la maison à l’infrastructure de collecte, du transport à l’élimination et au recyclage, il y a toute une chaîne d’approvisionnement à développer. Le projet implique la collecte, la diffusion et la promotion des meilleures pratiques dans le secteur, à travers des ateliers de partage avec les administrations locales en Ligurie, en Toscane et en France.
Avec les premières actions prévues entre Juin et Août 2018, des échantillons de plastique flottant seront prélevés dans les eaux du Sanctuaire Pelagos à partir de l’embouchure du fleuve Arno et le port de Pise et dans certains ports en France, puis analysés. L’analyse de l’ADN des micro-organismes constituant la Plastisphère du sanctuaire, faite par le NIOZ (l’Institut néerlandais pour la recherche marine), servira à identifier les espèces d’algues, les bactéries et les virus qui prolifèrent sur les déchets en plastique, en influencent l’équilibre de l’écosystème marin.

https://edu.ui.ac.id/-/