Macrodéchets et microplastiques, des tueurs invisibles
Carnet de bord : semaine 4 et 5
L’expédition MED rencontre encore cette année une grande quantité de macrodéchets plastiques dérivant à la surface ou à faible profondeur.
Ingérés par la faune marine, ils sont à l’origine d’une véritable hécatombe dont chaque année :
« 1 Million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins qui meurent de nos déchets abandonnés »,
sont les premières victimes de cette pollution.
Le contenu stomacal de ce rorqual en est un dramatique témoignage, il était obstrué par : 9 sacs de supermarché, 7 morceaux de sacs poubelle, 1 sachet de chips, 1 emballage de produit alimentaire.
Fragmentés en microplastiques, ces macrodéchets poursuivent leur vie en tueurs invisibles
Souvent de très grande taille, leur long séjour en mer arrache à leur structure originelle, de très nombreux petits fragments. Ceux-ci rejoindront le long cortège des microplastiques présents dans tous nos prélèvements, des côtes jusqu’à la haute mer. Ces fragments se diviseront eux même en particules de plus en plus petites, sans jamais atteindre le stade moléculaire propre aux corps dits biodégradables. Sur leur chemin ils seront ingérés par les oiseaux et les reptiles marins, les cétacés, et bien sûr par les poissons. Les dommages occasionnés seront de nature physique, se caractérisant par l’entrave partielle ou totale des voies digestives, affaiblissant la victime et la menant bien souvent à la mort.
Les microplastiques les plus voyants dans nos prélèvements apparaissent souvent de couleur blanche, noire, marron ou bleue. Mais la plupart des fragments présents dans nos chalutages sont constitués de films plastiques transparents (cercles rouges), plus ou moins épais, parfois colonisés de vie. Ces fragments se confondent avec les organismes du plancton dit gélatineux (cercles verts), comme les siphonophores ou les méduses, base de la nourriture de nombreuses espèces de poissons, incapables d’en faire la distinction.
Dans le Pacifique Nord 1 poisson sur 10 ingère du plastique soit 24 000 tonnes de plastiques qui sont ingérés par les poissons chaque année dans cette zone.
Bien que l’impact de cette pollution invisible reste encore à définir en Méditerranée, les résultats de nos premières campagnes ont définis par endroit la présence de 50% de microplastiques pour 50% de plancton avec également la présence dans certaines zones comme au large de Nice, de 585 000 microplastiques au Km2. Cette situation nécessite de prendre très rapidement des mesures pour stopper l’hémorragie de ces déchets plastiques en mer avant d’en arriver à une situation irréversible.