La plastisphère des champignons, sous surveillance
« La plastisphère », un nouvel écosystème généré par les milliards de déchets macro et microplastiques qui flottent sur l’ensemble des océans et mers du globe et qui sont colonisés par une multitude d’organismes comme notamment des bactéries et virus est également des champignons.
Certains de ces champignons potentiellement pathogènes pour les organismes marins mais également pour l’être humain nécessitent une surveillance, leurs viralités augmentant avec la hausse des températures. La moyenne des températures de la Méditerranée qui se actuellement autour des 28° pourrait voir se développer la viralité de ces champignons à partir de 31°.
C’est le programme que nous menons à bord avec Ana Luzia Lacerda actuellement en post doc avec Maria Luiza Pedrotti au Laboratoire d’Océanographie de Villefranche sur mer pour des prélèvements de plastiques colonisés sur différents points du parcours de la campagne « VigiePlastique Méditerranée 2023 ».
Une fois introduits dans les systèmes aquatiques, les plastiques sont rapidement colonisés par des micro-organismes (Latva et al., 2022), et les champignons et les bactéries sont parmi les principaux colonisateurs des plastiques. La formation de biofilm crée un habitat propice au développement de communautés complexes et autosuffisantes (Delacuvellerie et al., 2022), connues sous le nom de « plastisphère » (Zettler et al., 2013), un terme inventé il y a une décennie. La plastisphère accueille des organismes photosynthétiques, des parasites, des symbiotes et des saprotrophes, qui sont des organismes capables de dégrader la matière organique (Amaral-Zettler et al., 2020). De manière remarquable, de nombreux organismes susceptibles de dégrader les plastiques ont été découverts au sein de la plastisphère marine, dont des champignons (Philippe et al., 2023 ; De tender et al., 2017). Bien que les groupes fongiques de la plastisphère marine jouent des rôles écologiques non triviaux dans le milieu marin, ils n’ont acquis une reconnaissance significative que récemment (Philippe et al., 2023). Au sein de la plastisphère marine, il y a eu un nombre croissant de rapports sur les champignons pathogènes putatifs, ainsi que sur les saprotrophes et les dégradeurs du plastique (Lacerda et al., 2020 ; Amaral-Zettler et al., 2021 ; Philippe et al., 2023). Récemment, des descriptions fongiques ont été menées pour l’hémisphère sud, s’étendant de l’Amérique du Sud à l’Antarctique (Lacerda et al., 2020), ce qui a entraîné une augmentation des recherches dans divers environnements. En Méditerranée, la plupart des études sur ce sujet se sont concentrées sur l’évaluation des champignons dans les plastiques des sites côtiers, notamment par des expérimentations in situ en conditions contrôlées (Philippe et al., 2023). Cependant, il est crucial d’étudier les communautés fongiques qui habitent déjà les surfaces en plastique flottantes en mer pour comprendre leurs interactions avec le milieu environnant et leurs fonctions écologiques dans les environnements marins. L’Expédition MED 2023 vise à faire progresser les connaissances actuelles dans ce domaine en analysant les champignons des plastiques flottants en mer Méditerranée. Notre objectif principal est de décrire toute la diversité des champignons vivant dans ce nouvel environnement créé par l’homme.