Expédition MED embarque des scientifiques et des citoyens pour étudier la pollution plastique en Méditerranée
La science participative et citoyenne, une nouvelle manière de faire avancer les connaissances et inventaires de l’environnement et de la biodiversité.
Le laboratoire citoyen de sciences participatives d’Expédition MED permet aux volontaires amateurs, sans qualifications particulières, de participer aux avancées en matière de connaissance et d’inventaires de l’environnement et de la biodiversité.
La campagne 2021 s’appuiera sur le nouveau programme de recherche scientifique et participatif d’Expédition MED, « Vigieplastic Méditerranée ». La mission va contribuer à une meilleure connaissance de la pollution plastique en Méditerranée à l’aide de nouveaux protocoles scientifiques.
Cette expédition se déroule dans le bassin Nord Occidental Méditerranéen du 22 juillet au départ de Fiumicino (Rome) et arrivée à Marseille le 3 septembre avec le nouveau bateau de l’association « Le Bonita ».
La mission qui a débuté le jeudi 23 juillet de Fiumicino au nord de Rome embarquera durant les sept semaines de la campagne 20121 une soixantaine de personnes composée de marins, de scientifiques, d’environnementalistes, d’écovolontaires qui vont contribuer à une meilleure connaissance de la pollution plastique pour la sauvegarde des écosystèmes marins en Méditerranée.
xpédition MED est accueilli avec son bateau « le Bonita » dans les ports des escales de la campagne 2021 et remercie pour leur soutien les autorités portuaires de :
Dans le cadre des sciences participatives, Expédition MED va réaliser des prélèvements et des analyses d’échantillons d’eau de mer afin de proposer des indicateurs de mesure sur la quantité de déchets plastiques flottants (macroplastiques et microplastiques). Grâce au nouveau laboratoire citoyen embarqué, nous serons en mesure de produire des données en temps réel sur la quantité et la typologie de débris plastiques flottants à la surface de la Méditerranée.
Programmes scientifiques et participatifs embarqués du Laboratoire Citoyen pour la campagne 2021.
1 – Quantification et caractérisation des microplastiques flottants
2 – Quantification et caractérisation des microplastiques dans la colonne eau.
3 – Test du programme Macro Waste Tracker : Quantification et caractérisation des macroplastiques flottants.
4 – Étude de la plastisphère et de la protéomie
5 – Étude de la migration verticale du zooplancton et sa corrélation avec la pollution plastique
Les différentes activités du laboratoire citoyen
1 – Quantification et caractérisation des microplastiques flottants
L’étude des microplastiques sera réalisée à l’aide d’un filet Manta, dont le nom tient de ses 2 grandes ailes (ressemblant à la fameuse raie manta) qui lui servent à flotter et maintenir une ouverture constante de la ligne de surface, jusqu’à 20 cm de profondeur. Ce chalut standardisé est équipé d’une chaussette de filtration de 3 m de traîne avec une maille 330 μm, terminée par un collecteur.
Les prélèvements seront ensuite analysés dans notre laboratoire embarqué. Les particules de plastique seront extraites des échantillons d’eau de mer, comptées et catégorisées selon leur taille (> 5mm ; 5 – 2,5 mm ; 2,5 – 1 mm), leur morphologie (fragments, films, lignes, mousses, granulés) et leur couleur.
Les particules seront ensuite analysées par spectrométrie Raman grâce au matériel (Mira DS) mis à disposition gracieusement par le fournisseur Metrohm France. Cet appareil nous permettra d’identifier la composition chimique des particules isolées pour déterminer les familles de plastique collectées en mer Méditerranée.
2 – Quantification et caractérisation des microplastiques dans la colonne eau
Un nouveau protocole est à l’essai cette année, la quantification et la caractérisation des microplastiques dans la colonne d’eau. En effet selon leur densité, certains plastiques sont amenés à flotter, d’autres à couler vers les fonds marins et certains peuvent rester en suspension dans la colonne d’eau. Nous nous sommes donc équipé d’un filet (construit selon les instructions de Philippe Fanget, Laboratoire EDYTEM) avec une maille de 200 µm permettant de réaliser des prélèvements verticaux à différentes strates et jusqu’à une profondeur de 50 m.
3 – Test du programme Macro Waste Tracker :
Quantification et caractérisation des macroplastiques flottants.
Test d’une application de comptabilisation et de classification en temps réel des macrodéchets de surface avec un système automatisé de vision artificielle. Installé à l’avant du bateau le système doit détecter et classifier les types de déchet selon leur nature. L’objectif étant d’évaluer plus précisément la quantité de déchets flottants. Le développement du logiciel et du matériel sera en open source.
4 – Étude de la plastisphère et de la protéomie
En partenariat avec le Laboratoire de Protéomique et de Microbiologie (ProtMic) du professeur Ruddy Wattiez et Alice Delacuvellerie (doctorante) de l’université de Mons en Belgique, l’objectif est de collecter des plastiques en mer pour l’étude de la plastisphère. Des analyses de métaproteomiques par spectrométrie de masse seront réalisées sur les échantillons dans un premier temps pour identifier les communautés bactériennes colonisant les débris de plastiques flottants en mer, et dans un second temps pour mettre en évidence les microorganismes les plus actifs au sein du biofilm ainsi que les métabolismes utilisés par ces communautés.
5 – Étude de la migration verticale du zooplancton
et sa corrélation avec la pollution plastique
En partenariat avec le Laboratoire d’Océanographie de Villefranche (LOV) sous la supervision de Maria-Luiza Pedrotti, nous allons réaliser des prélèvements de zooplancton dans le bassin méditerranéen afin d’étudier leur migration verticale. Les organismes zooplanctoniques possèdent des capacités de nage, bien que relativement réduites, ils peuvent maintenir leur distribution dans certaines conditions hydrodynamiques. Ils peuvent aussi contrôler, par la migration nycthémérale, leur position dans la colonne d’eau. Pour cela, nous allons collecter des échantillons spécifiques lors des périodes de pleine lune, ou cette migration semble être la plus marquée. Ces échantillons permettront également d’étudier les quantités de plastique par rapport au zooplancton présent dans la couche de surface.
CONTEXTE MEDITERRANEEN :
En Méditerranée, les déchets plastiques ne connaissent pas de frontières et se déplacent au gré des vents et des courants sur l’ensemble du bassin, dans cette mer semi-fermée.
Les initiatives de réduction des déchets initiés dans les pays de la rive nord seront limitées voire inefficaces si elles ne sont pas développées et partagées avec l’ensemble des pays riverains.
UNE MÉDITERRANÉE PLASTIFIÉE EN DANGER, À LA GEOPOLITIQUE FRAGILE
Cette mer est considérée comme lamer la plus polluée au monde avec quotidiennement l’arrivée de 730 tonnes de déchets. A ce rythme dans quelques décennies ce sera une mer morte, empoisonnée par nos déchets. Lieu de passage au cœur des échanges économiques de plusieurs continents à la géopolitique fragile et première destination touristique mondiale, son avenir menacé est à la veille d’une crise majeure !
RIVES NORD ET SUD, LES ENJEUX D’UNE POLLUTION SANS FRONTIÈRES
Tous les pays du littoral Méditerranéen sont concernés et il est donc urgent et indispensable de collaborer tous ensembles afin de trouver des solutions communes pour stopper cette tragique pollution plastique.
Les déchets plastiques ne connaissent pas de frontières.
Ils se déplacent et se concentrent au gré des courants et des vents qui rendent cette mer semi fermée très dynamique…
Etranglés, étouffés, asphyxiés, des milliers d’animaux marins meurent de nos déchets chaque année impactant irrémédiablement la biodiversité. Les risques liés aux impacts alimentaires, sanitaires et économiques sont
des enjeux majeurs pour les décennies à venir.
Les initiatives de réduction des déchets initiées dans les pays de la rive nord du bassin Méditerranéen seront limitées avec peu d’effets si elles ne sont pas développées et partagées avec l’ensemble des pays riverains. Face à l’urgence des enjeux et des impacts environnementaux, sociaux et économiques de cette pollution, il est impératif de trouver des solutions communes.
Nous sommes tous concernés et Expédition MED, initie une expédition inédite autour d’un programme scientifique, participatif et solidaire auxquels sont associées des actions de sensibilisation, de formation et de communication auprès de pays du littoral Méditerranéen.