Carnet de bord suite semaines 2 et 3
Corse du Nord et prodelta du Rhone
Des microplastiques à foison
Cap Corse : Un échantillon qui a des chances de repousser une fois encore les records enregistrés en 2013. Une quantité de plastique considérable, d’innombrables fragments anguleux et coupants, mêlés aux copépodes, espèce prédominante du zooplancton diurne. Du poison pour tous les poissons, reptiles marins et cétacés se nourrissant dans la zone.
Insectes et microplastiques, existe-t-il un rapport ?
A noter la présence de nombreux insectes terrestres pris dans les mailles du filet à plancton dans la même zone. Ils commencent à enrichir la collection avec nos partenaires du programme insectes et plastiques : Jean Louis Brunet, (JLBA Medical) ; Yvon Perrin, (IRD de Montpellier) ; Bruno Michel, Henri-Pierre Aberlenc (CIRAD de Montpellier) ; Cédric Audibert (Muséum d’Histoire Naturelle de Lyon), avec qui nous posons la question :
Y a-t-il un rapport entre la présence massive de déchets plastiques et la recrudescence soudaine d’insectes terrestres noyés dans la mer ?
Les POPs, des perturbateurs de la vie marine
Sous l’acronyme de bord « PLAPOP », les prélèvements pour l’équipe de Pascal Wong-Wah-Chung sous la direction de Pierre Doumenq du Laboratoire Chimie Environnement de l’Université d’Aix Marseille, avance à grand pas. La faculté d’Aix Marseille s’est ainsi penchée sur le délicat problème des polluants organiques persistants (les POPs) que les matières plastiques auraient tendance à capter dans l’eau de mer et à relâcher une fois les fragments ingérés par les créatures marines. La plupart de ces POPs seraient à l’origine de perturbations physiologiques sévères chez les animaux marins. Les prélèvements se font ici dans des conditions très précises pour éviter toute contamination par un agent extérieur au milieu marin. Ainsi, tout contact avec les gaz d’échappement du navire, la fumée d’une cigarette, ou même tout objet en plastique autre que les gants, est absolument proscrit. Ils sont conservés dans un congélateur.
Particules plastiques et sédiments dans le prodelta du Rhône
La campagne 3 a été principalement consacrée à des prélèvements de sédiments dans le prodelta du Rhone. Les fleuves transportent probablement une grande quantité de déchets plastiques provenant de tout le bassin versant. Certains flottent à la surface et d’autres voyagent sur le fond, avec les sédiments qui sont le puits final de toutes les particules qui arrivent en mer. Etudier l’accumulation des déchets plastiques dans les sédiments marins permettra de quantifier et de voir l’évolution de cette contamination. C’est aussi un défi technologique car il faudra trouver le moyen technique de séparer physiquement ces particules de déchets plastiques des autres particules présentes dans les sédiments (minéraux, tests, matières organiques…). Le choix du prodelta du Rhône pour effectuer ces premiers tests est intéressant à la fois par rapport à la thématique et aux contraintes techniques. Le prodelta est une accumulation de sédiments qui proviennent pour une part importante des apports du Rhône. Une bibliographie importante existe sur ce sujet et l’origine de ces dépôts laisse. supposer qu’ils contiennent des déchets plastiques.
Cette étude est menée en collaboration avec Anne Murat et Yann Mear du Cnam INTECHMER de Cherbourg.