A la rencontre des pays de la rive Sud

Déchets plastiques en Méditerranée l’Expédition MED à la rencontre des pays de la rive Sud.

Merci aux cinquante Ecovolontaires et aux quinze scientifiques des différents pays du bassin occidental qui se relayent actuellement sur l’ensemble du parcours des campagnes de l’Expédition MED 2014.

Voilà maintenant plus de trois semaines que la campagne 2014 d’Expédition MED a débuté, il était donc temps de vous donner quelques nouvelles.

 

Partis de Villefranche sur Mer le 5 juillet à bord du Hainez, notre équipage de marins et de scientifiques épaulés par les écovolontaires ont pu pratiquer des dizaines et des dizaines de prélèvements d’eau de mer à la recherche de micro-fragments plastiques.

Commencé en mer liguro-provençale, ce travail de recherche s’est donc poursuivi dans le Golfe du Lion, aux abords des côtes espagnoles de la Costa Brava, dans les Baléares et enfin le sud de l’Espagne. Parmi les nouveautés de la campagne 2014, nous avons aussi traqué les macro-déchets plastiques à l’aide d’un chalut, et ce, afin de corroborer les modélisations informatiques de distribution des déchets plastiques en Méditerranée mises au point par Jérémy Mansui, chercheur de l’Université MIO Toulon. Après avoir navigué avec nous lors de la première semaine de la campagne, ce scientifique embarque à nouveau avec nous à Alicante, ce sera l’occasion pour lui de confronter au terrain, la puissance de calcul de ces machines informatiques.

Près des côtes de l’Aude, après une conférence de presse en mairie de Port-La-Nouvelle, nous avons eu l’honneur d’accueillir à bord des représentants des deux chambres parlementaires, en la personne de Marie Hélène Fabre, députée ainsi que du sénateur Roland Courteau. Auteur d’un rapport sur la pollution en Méditerranée, cet élu de l’Aude a vu l’une de ses propositions reprise par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal et adoptée par l’Assemblée Nationale dans le cadre de la loi sur la biodiversité. A partir de janvier 2016, les sacs plastiques à usage unique (des sacs très fins utilisés pour emballer la viande ou le poisson) devraient être interdits. La recherche menée par le Laboratoire Citoyen d’Expédition MED fait partie des raisons qui ont poussé la classe politique à prendre au sérieux le problème de la pollution de la méditerranée par les plastiques.

Pour la première fois en cinq ans, une activité pêche a également été mise en place sous la houlette d’un écovolontaire, Sylvain Jeandel. Après quelques jours sans prise, un thon de 17 kilos a été pêché près de Malaga. Joie pour notre cuisinier Charlie Serrano et l’équipage, mais mauvaise surprise lorsque Jean-Claude Crebassa, encadrant scientifique a découvert dans l’estomac du thonidé des micro-fragments plastiques. En l’absence d’études poussées sur le passage dans la chair du poisson de ces déchets, nous nous sommes régalés de cette belle prise, relevée tout de même d’un zeste d’inquiétude…

Enfin, ces trois premières semaines ont aussi été l’occasion de faire des démonstrations de nos protocoles de prélèvements devant la presse française et espagnole mais aussi devant plusieurs associations environnementales locales, en Catalogne et aux Baléares. En partageant ses connaissances, ses méthodes et les résultats scientifiques obtenus, notre Laboratoire Citoyen entend éveiller les consciences du plus grand nombre et susciter toujours plus d’intérêt pour le grave problème des déchets plastiques en milieu marin auprès des décideurs politiques, économiques, médias, acteurs de l’environnement et bien sûr du grand public.

 

C’est pourquoi nous abordons les semaines à venir avec autant d’enthousiasme que d’intérêt puisque pour la première fois de son histoire Expédition MED part à la rencontre des pays de la rive Sud : Maroc, Algérie, Tunisie. Si la prise de conscience de la pollution par les déchets plastiques est plutôt récente en Europe, elle est à peine naissante dans les pays de la rive Sud, or ce problème concerne TOUS les habitants des côtes méditerranéennes. En coordination avec les associations environnementales locales ainsi que la communauté scientifique, Expédition MED va procéder à des démonstrations de prélèvements, embarquer de nombreux chercheurs, faire des animations dans les ports ainsi que des conférences dans les Universités. Au Maroc, à Al Hoceima, nous présenterons à la presse un premier bilan du projet pilote que nous avons mené sur place avec l’association AGIR, dont le président sera à bord. En Algérie, où la campagne est coordonnée par le Dr Emir Berkane,

par ailleurs ancien éco-volontaires (2012/2013). Nous ferons escale à Oran, Alger, Bejaïa, Skikda et Annaba, où nous rencontrerons aussi bien les autorités (Ministère des pêches et des ressources Halieutiques et le ministère de l’environnement l’Environnement notamment) que les scientifiques des plus prestigieuses universités du pays.

Tous les écovolontaires qui embarqueront sont Algériens et nous ferons même découvrir la mer et la navigation à voile à un groupe d’enfants issus de communautés rurales n’ayant  jamais mis les pieds sur un bateau ! Enfin en Tunisie, de nombreux chercheurs de l’Université de Bizerte embarqueront pour découvrir nos méthodes et protocoles scientifiques.

Au travers de ces rencontres et de ces échanges à la fois scientifiques et interculturels, le Laboratoire Citoyen d’Expédition MED entend agir comme un bouillon de culture pour que naisse une conscience environnementale à l’échelle euro-méditerranéenne. Pour que dans toutes les langues des rivages de la Grande Bleue, on puisse dire en chœur :

Stop plastic in the sea !

 

 

https://edu.ui.ac.id/-/