La galerie des horreurs

Les déchets plastiques, “un écocide planétaire”

Chaque année, des milliers d’animaux meurent étranglés, étouffés, asphyxiés ou empoisonnés par les déchets plastiques.

Certaines plages sont aujourd’hui complètement recouvertes par les déchets plastiques, ce sont de véritables décharges à ciel ouvert. Pourtant, ce n’est qu’une petite partie du problème qui s’offre à nos yeux, en effet on estime que la quantité de déchets plastiques présent sur les côtes ne représentent que 15 %  de la quantité totale présente en mer.

De nombreux oiseaux marins meurent d’occlusion digestive après avoir avalé des fragment de plastique, qu’ils confondent avec leur nourriture habituelle. On estime que chaque année, un million d’oiseaux marins sont tués par des déchets plastiques qui les étranglent, bouchent leur système digestif et les empêchent de s’alimenter.

Une tortue serpentine, âgé d’au moins 15 ans, est piégée dans un cercle de plastique depuis sa jeunesse. En grandissant son corps et sa carapace ont été moulés par l’anneau. Malheureusement sa colonne vertébrale n’est pas entièrement protégée à cause de cette déformation.

Le processus de vulcanisation qui a permis la fabrication de ces pneus les rendent absolument non biodégradables. Ils ne disparaitront jamais, si ce n’est de notre vue, en étant recouverts par les sédiments marins. Pendant des siècles, l’humanité a jeté à la mer tout ce dont elle n’avait plus besoin, mais durant ces périodes l’essentiel des productions humaines étaient fabriquées à partir de matériel naturel donc biodégradable. Avec l’avènement du plastique dans les années 60 tout a changé et nous voilà avec un sérieux problème à gérer.

Une vaste étude européenne a montré qu’on trouvait des déchets plastiques jusqu’à 4500 mètres de profondeur et jusqu’à plus de 2000 km des côtes. A l’heure actuelle, on estime qu’environ 70% des déchets plastiques couleraient au fond des océans, avec des conséquences encore inconnues sur les espèces présentes dans ces milieux.

En Algérie une étude de l‘Université de Bejaïa a montré que les pêcheurs remontaient jusqu’à 40% de déchets plastiques dans leurs filets. Cette pollution plastique a ainsi également un impact économique, notamment pour les pécheurs qui remontent dans leurs filets de plus en plus de plastique. Par ailleurs, cette pollution aura certainement un impact sur le tourisme. Les seuls rivages de la Méditerranée accueillent près de 30 % du tourisme mondiale, ce qui en fait la mer la plus polluée au monde.

Parmi les 20% de déchets plastiques provenant des activités humaines en mer, les filets de pêche dérivants représentent une part non négligeable et sont particulièrement destructeurs pour la faune marine. A la surface, entre deux eaux ou sur les fonds marins, ils continuent de capturer dans leurs mailles des mammifères marins, requins et autres poissons pendant des mois, voire des années :
c’est ce que l’on appelle la pêche fantôme.

( Photos de droite ) Dans l’estomac de cette baleine échoué sur la côte Ouest américaine, on a retrouvé plus de 20 sacs en plastique, du fil électrique, un pantalon de survêtement, des serviettes en tissus, des gants chirurgicaux, du fil de pêche, des cordes en nylon, divers emballages et objets en plastique, du ruban adhésif et une balle de golf ! Les mammifères marins sont eux aussi victimes de la pollution plastique, on estime par ailleurs que chaque année, 100 000 d’entre eux meurent  à cause de nos déchets plastiques.

Dès 2009, les Nations Unies s’alarmaient de l’ampleur prise par le phénomène de pêche fantôme en raison du développement des activités de pêche sur la planète mais aussi des nouvelles matières synthétiques utilisées pour fabriquer les filets. Ces polymères sont très résistants et posent donc des problèmes durables s’ils sont perdus en mer. L’ONU met en garde contre leur impact sur les ressources halieutiques, sur la qualité des fonds sous-marins mais aussi en raison des risques posés à la navigation humaine.

Cyril abad – FISHERMEN ON A WASTED SEA

De nombreuses régions, dans le monde vivent en grande partie de la pêche, l’activité de ces hommes et femmes est considérablement menacé par la pollution plastique. Ici, au Ghana, en fin de matinée, les pécheurs hissent leurs pirogues sur le sable alors que leurs enfants jouent au milieu des déchets;
Lieu : JamesTown, Accra, Ghana

Cyril Abad est un photographe auteur basé à Paris, qui traite principalement des problématiques socio-environnementales. Au travers de ses différents reportages, il explore les différentes facettes des réactions humaines face au changement.

PIÈGE MORTEL. Tous les filets embarqués sur les bateaux de pêche finissent déchirés dans la mer. Des milliers de kilomètres de nylon flottent sur tous les océans et se transforment en piège mortel pour la faune. Loin de tous les regards, ce Fou de Bassan, handicapé par ce morceau de filet pour se nourrir, est condamné à une mort précoce. 

Pierre Gleizes, journaliste-reporter-photographe à parcouru les océans et les continents pour témoigner de l’action de nombreuses organisations, en particulier Greenpeace qu’il a suivi pendant plus de 30 ans. Il dénonce ainsi, les atteintes faites à notre environnement, tout en questionnant les fonctionnements de notre société.

Le choc émotionnel provoqué par ces photos qui sont présentées dans le cadre des expositions « Océans et mers plastifiés » permet une prise de conscience afin d’agir pour stopper cet écocide planétaire.

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